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Histoire du musée de la franc-maçonnerie : de 1889 à nos jours...

" La franc-maçonnerie doit dans le domaine culturel, et notamment dans le domaine artistique, assumer la même mission qu'elle s'est donnée dans les autres domaines : elle ne doit pas choisir ou préconiser, mais montrer et expliquer, chacun pouvant ensuite faire un choix personnel. (…) La culture doit demeurer un moyen de l'épanouissement de l'individu et non devenir une méthode de manipulation de masse, comme cela se dessine dans certains milieux. Il est important de faire savoir que la Franc-maçonnerie est et sera vigilante à cet égard ".1

Le musée de la franc-maçonnerie voit le jour en 1889, à l'occasion du centenaire de la Révolution Française. Si le musée semblait n'être alors qu'une manifestation temporaire, il perdura bien après puisque les Bulletins du Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France mentionnent pour les années suivantes l'acquisition de pièces (bijoux, cachets, timbres maçonniques, bref, etc.) tandis que des journaux, comme le Monde Illustré (1901) ou la Vie Illustrée (1904), évoquent les collections maçonniques et publient des photos de dignitaires du GODF posant dans le musée, espace proche alors d'un cabinet de curiosité.
Les évocations sont peu nombreuses par la suite mais quelques circulaires mentionnent néanmoins, à la veille de la Deuxième Guerre Mondiale, l'intérêt pour le patrimoine maçonnique et l'importance d'en faire un inventaire.
Au cours de la Deuxième Guerre Mondiale, les nazis mettent au point une intense activité de propagande et de dénigrement utilisant pour cela les archives, livres et objets confisqués aux différentes loges et obédiences maçonniques et concentrés, dès le mois d'Août 1940, dans les locaux de la rue Cadet où s'est installé le Département des Sociétés Secrètes. Les conférences s'enchaînent alors tandis que paraît, tous les mois, la revue Documents Maçonniques et que des expositions anti-maçonniques sont régulièrement montées dans toute la France pour illustrer les propos accusateurs. Il semble même qu'un musée plus ou moins permanent2, certainement ouvert au grand public, a du prendre place en même temps dans les locaux du Grand Orient de France.


Vue de l'exposition de 1973

Marquée par les pertes humaines, l'activité culturelle ne fut de ce fait pas la priorité des Frères au lendemain de la guerre. Quelques rares témoignages dans les Comptes-Rendus du Conseil de l'Ordre existent pourtant mentionnant des dons faits au musée, évoquant une exposition commémorant le centenaire de la Commune ou bien encore des directives soulignant la nécessité d'exploiter " les richesses dont dispose le musée (…) devant servir à l'instruction des maçons et des profanes ".3 Le musée est à nouveau inauguré en 1973, lors des festivités du Bicentenaire de la création du Grand Orient de France. Installée dans la salle de bal de la rue Saulnier, l'exposition commémorative retraçant " les évènements depuis 1736 dans des idéaux du GODF " et ouverte au monde profane recevra un accueil favorable, ce qui amènera à évoquer l'idée d'une ouverture permanente au grand public.


Même si le musée est alors reconnu par le Ministère de la Culture comme " Musée du Grand Orient de France et de la franc-maçonnerie européenne ", les activités du musée restent quasi inexistantes jusqu'en 1997 où les relations reprennent alors avec les instances ministérielles. Les contacts sont depuis constants, ce qui a permis entre autres de commencer, sur les conseils techniques de l'Etat, une restructuration profonde du musée.

Ainsi, en 2000, avec l'accord de la Direction des Musée de France, le musée change de dénomination et devient le Musée de la Franc-Maçonnerie s'accordant ainsi aux pièces détenues provenant tant du GODF que de différentes obédiences françaises et internationales, tandis qu'un travail important d'inventaire et de mise en valeur des collections est mis en place.


L'institution obtient par ailleurs l'appellation Musée de France en 2003, lui accordant par conséquent une reconnaissance officielle auprès des pouvoirs publics mais également auprès d'autres structures muséales et de collectionneurs avec lesquels elle collabore. Outre les aides et conseils fréquents de l'Etat sur la gestion des collections, la conservation préventive, les restaurations des objets du patrimoine, etc., ce statut a donné au musée la possibilité d'acquérir des œuvres précieuses grâce au droit de préemption. Ainsi fait, et pour exemple, de rares pièces en faïence du XVIIIème siècle sont venues compléter et enrichir les collections actuelles, occupant à présent une place essentielle dans le nouveau parcours muséographique.

Ouvert à tous les publics, le musée participe régulièrement à des activités de l'Etat, tels que la Nuit des Musées ou les Journées du Patrimoine, tandis qu'il organise chaque semaine des visites-conférences qui remportent un immense succès. Partant de là, la mise à disposition du patrimoine maçonnique contribue à démystifier la franc-maçonnerie et permet à chacun de porter un nouveau regard sur les valeurs et la pensée humaniste de cet ordre.

 

1. Pochette Séances du Conseil de l’Ordre 1979- 1980, Compte-rendu de la Commission des Affaires Culturelles du Conseil de l’Ordre, réunion du 26 Octobre 1979.
2. En effet, certaines photographies publiées dans les Documents Maçonniques semblent indiquer que de nombreuses conférences organisées par le Département des Sociétés secrètes de Bernard Faÿ aient eu lieu dans la salle Saulnier. André Combes souligne dans son ouvrage : « Le musée qu’il [Bernard Faÿ] installe rue Cadet compte bientôt 14.000 pièces ou objets provenant des confiscations en zones Nord et Sud », la Franc-Maçonnerie, p.79
3. Souchier Classeur circulaires sans numéro, année 1954-1955, p.10

 

 
 
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